Comment gérer les crises ?
11 septembre 2001, faillite de Lehman Brothers, crise grecque, séisme et crise nucléaire au Japon : les crises sont légion en bourse et font partie du paysage. Et pourtant, à chaque fois, ce sont les mêmes inquiétudes et comportements de panique qui ressurgissent, en apportant de l'eau au moulin de tous ceux qui font leur beurre sur les peurs et la crédulité d'investisseurs en mal de repères. Si certains sont peut être bien intentionnés, il faut reconnaître que la plupart ne sont là que pour vous dépecer, jouant sur la peur, le besoin d'être guidé et rassuré, et l'appât du gain.(voir au passage cet article , écrit il y a quelques mois mais toujours d'actualité).
Comment réagir alors et comment se comporter (c'est également valable lors des emballements haussiers) ? Sans prétendre détenir la vérité (d'autant que chaque crise est particulière), je vais me contenter de vous transmettre un peu de mon expérience.
La première des choses est de garder votre sang froid, et éviter au maximum d'agir à chaud, sauf à avoir préparé un minimum vos interventions (par exemple, vous surveillez un titre depuis longtemps, mais vous ne vous pressiez pas car il était encore loin de ce que vous considérez comme un prix d'achat. Or il plonge de 10% avec le reste du marché, sans être victime de nouvelles qui lui sont propres. Une intervention à chaud sans grande réflexion est possible, sachant que vous aviez déjà étudié le titre auparavant, même si les conditions de marchés étaient peut être différentes. Vous aurez sans doute ensuite le temps d'analyser plus en détail la situation et statuer sur cette intervention).
Réagir dans la panique, en coupant vos positions car la perte devient insupportable n'est assurément pas une bonne chose : vous risquez de vendre d'une part au plus mauvais moment, mais c'est aussi peut être le signe que vos positions n'étaient pas correctement dimensionnées, en mettant en danger votre portefeuille et votre résistance nerveuse en même temps. Si vous aviez géré correctement vos liquidités (voir l'article ici et la suite ici ) et votre money management, vous n'en seriez pas là.
Quoiqu'il en soit, vous êtes en posture délicate (et encore je n'imagine même pas l'investisseur imprudent qui aurait usé du levier au delà du raisonnable) et le stress devient insupportable : essayez de relâcher un peu de pression en allégeant vos positions, en positionnant par exemple un stop sous les récents plus bas (on ne sait jamais, le marché pourrait rapidement rebondir), ou en profitant d'un rebond technique en cours (pull back contre support cassé). Mais le but est juste de faire fonctionner la soupape de sécurité et non de prendre la totalité de vos pertes (sauf si vous êtes en levier et coincé naturellement), histoire de retrouver un peu de sérénité pour analyser à froid la situation.
La deuxième chose à faire est d'analyser et surveiller le marché, pour discerner à quel moment on passe d'une vente massive et panique, qui touche indifféremment tous les titres (et souvent plus les plus petits, moins liquides), à des ventes plus réfléchies et sélectives. Alors vous aurez plus d'éléments en main pour savoir quoi faire, quels titres renforcer ou quels titres vendre.
La dernière chose est bien entendu de tirer les leçons du déroulement de la crise, et ne pas hésiter à tenir un petit journal reprenant les évènements, les émotions par lesquelles vous êtes passé, etc… On croit qu'on s'en souvient, mais on oublie vite et cela vous sera très utile à la prochaine crise pour réagir avec plus de sang froid, sachant que si les raisons sont différentes (notez aussi que le marché apprend au fur et à mesure de la répétitions de crises similaires), les enchaînements sont souvent les mêmes. Revoir les commentaires des soi-disant spécialistes des marchés au coeur de la crise, et le comportement du marché quelques temps après est souvent édifiant…
Et pour terminer, pensez toujours à tenir à jour un petit cahier de bord de ce que vous feriez (à l'achat comme à la baisse) en cas de variation brusque des marchés. Etudier une valeur à fond même si son niveau d'achat se trouve 20% plus bas n'est pas inutile. Cela vous permettra de gagner du temps lorsque la crise survient, et d'agir plus posément : dans ces moment là, on ne sait plus où donner de la tête et il est difficile de se concentrer. Si on a bien défini à l'avance à quel prix entrer ou sortir, même si on ne se souvient plus pourquoi, on pourra toujours se reposer sur ses notes pour agir au plus vite, sachant que la vitesse de réaction est souvent primordiale dans ce genre de mouvements.
A bientôt,
Michel
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