Les vacances scolaires me procurent un sentiment paradoxal : ayant la chance de travailler à la maison alors que mon épouse vit exactement le contraire (absente du lundi matin au vendredi soir, esclave-salariée d’une multinationale cotée qui a décidé de la faire trimer à 400 kilomètres de son domicile), je me retrouve avec mon fils à la maison mais il manque quelqu’un : frustrant. Je me contente donc de profiter de la présence de mon petit homme sans l’essentiel : la vie nous envoie des chataîgnes, je me pique avec joie, il y a bien pire que cette situation même si le temps perdu ne se rattrape jamais.
La bourse, pour sa part, continue de vivre et les tâches habituelles obligatoires bassement matérielles doivent aussi être assurées comme chaque jour : finalement, les vacances scolaires m’apportent aussi un surcroît de fatigue, c’est le paradoxe classique du parent qui termine les congés de ses enfants sur les genoux, et qui reprend le boulot avec des valises sous les yeux alors que son patron est tout bronzé, frais et rajeuni de deux ans (il a envoyé ses enfants en colo de luxe et a pris l’avion vers un paradis terrestre quelconque, avec esclaves et grouillots à son service). Dans mon cas, et c’est le seul avantage d’être indépendant, je n’ai aucune hiérarchie à supporter mais les congés payés n’existent pas : un choix assumé, parfois difficile à vivre, mais une existence à encéphalogramme plat serait tellement ennuyeuse. Depuis 2002 et ma prise de liberté, je gagne entre 5.000 et 35.000 euros par an : il faut être un bon jongleur pour ne pas faire faillite dans les moments faibles, un gestionnaire prévoyant dans les moments forts, c’est la garantie de la poursuite de l’aventure …
Le temps estival nous a permis de nous promener dans la forêt jouxtant la maisonnette-NT, à presque 30 degrés : on dirait que les saisons sont décalées d’un mois en 2013. On a eu 10 degrés en mai et 27 en octobre, il y a comme un hic ! Le gamin a ramassé quelques châtaignes et apprend à se piquer dans la joie …
Ma fille de bientôt 19 ans, étudiante à l’ENS Cachan de Toulouse (dessin, design) est passée me voir deux jours cette semaine : je suis toujours impressionné par son coup de crayon. Dans son carnet de croquis, j’ai choisi ce loup pour son regard pénétrant et parce qu’il se marie bien avec notre environnement forestier. Dommage que La Fontaine n’ait pas écrit une fable intitulée « Le loup et les châtaignes », elle aurait parfaitement illustré les deux images du jour ! Si je prenais le temps nécessaire, je l’inventerai, mais il est l’heure d’aller au marché faire le plein de produits régionaux pour la semaine prochaine, alors, ce sera pour une prochaine fois !
