La situation se tend à nouveau à la mi-journée, du mieux après l’ouverture US
MAJ DE 17H01 : le rebond fait une pause mais le Boss reste au delà des 17715/20, tandis que le CAC cote 4234 – pas de changement – à ce soir pour préparer la séance de demain.
MAJ DE 16H30 : le DOW poursuit vers 17715/20, non loin maintenant du S1h (17790/795), le CAC suit à son rythme, 4242 points – je conserve les actions des deux portefeuilles et poursuis ma préparation de 2015, aussi personnelle (trading), car les revenus de l’activité « blog » ne suffisent plus. Je ne reviendrai faire le point qu’avant 17h15, la détente ayant l’air de reprendre le dessus après l’alerte de ces dernières heures.
MAJ DE 15H43 : le DOW rebondit jusqu’aux 17660, en pleine zone PP mensuel (16645/16660) – si on clôture au dessus à 22h00, les acheteurs auront à nouveau repris la main. Le CAC40 suit difficilement, à 4226 points. Prochain point en fonction des événements, au plus tard vers 17h15.
MAJ DE 14H53 : le CAC40 accuse le coup sous 4225/30 tandis que le boss a touché 17600 – avant l’ouverture, Paris prend encore du retard, plombé par les opérations de refinancement de Draghi, boudé par les banques – je garde mes actions sans rien changer, je tenterai des achats si on redémarre au dessus du PPh qui sera valide la semaine prochaine, ou si on tombe rapidement vers les 4075/4100 points. Prochain points au dessus de ce même paragraphe, au plus tard vers 16h30.
POINTS-PIVOTS JOURNALIERS POUR LA SEANCE DU JEUDI 11 DECEMBRE 2014
PPJ | S4j | S3j | S2j | S1j | PPj | R1j | R2j | R3j | R4j |
CAC40 | 4084 | 4114 | 4168 | 4198 | 4252 | 4282 | 4337 | 4367 | 4421 |
DOW | 17033 | 17138 | 17323 | 17428 | 17613 | 17718 | 17903 | 18008 | 18193 |
12h18
CAC40 : résistances S3h (4225/30) et PPj (4235/4255) – support en zone 4190/4205
DOW-JONES : résistance majeure PPj/S2h (17615/17630) – support 17500/17525
12h11 : 4226 à Paris et 17566 à NY, entre supports et résistances du moment, pas de changement dans un marché qui a refusé d’aller tester les PPj – avant ouverture de Wall-Street, malgré les actions de Draghi pour soutenir les prix, on reste tendu avant la semaine prochaine, en espérant que la FED soit plus efficace à déclencher un providentiel soutien de fin d’année.
Je conserve l’exposition actions, l’ordre sur ESI, et les 2/3 de cash.
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Fil rouge de décembre 2014 : soutien au blog NT
Douze lecteurs ou abonnés ont donné ensemble 500 euros sur les 1.500 euros manquants afin d’avoir un budget « exploitation du site » équilibré (qui me coûte zéro grâce à vos participations) – c’est la première année que cela arrive depuis mai 2006, la crise du pays n’épargne surtout pas les petits, sachant que les rendements des placements sans risque coulent et que le chômage est en pente haussière abrupte, je comprends que vous marchiez aussi sur des oeufs … toutefois, si vous souhaitez continuer à bénéficier des tableaux PPj et d’une présence soutenue, vous pouvez faire un don, merci d’avance à celles et ceux qui participeront, et bien-sûr aux onze personnes qui ont déjà oeuvré en ce sens. Si la somme n’est pas atteinte, je me verrai contraint de couper les tableaux PP (sauf abonnés NT100, PP NT100 soit 100 valeurs) et ainsi faire environ 800 euros hors-taxes d’économies par an, afin de réduire le déficit 2015 de 1500 à 700 dans un premier temps.
Voilà, vous savez tout, à vous de jouer 🙂
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LA NOUVELLE DU MOIS (25.11.2014), histoire improvisée au fil des jours : je l’ai glissée en fin d’article, le texte devenant long et polluant les analyses boursières.
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PEA NT : +35,63% pour une exposition de 11%
ESI : je pose un ordre de vente limité à 22.00 euros valide ce jour – une MAJ du compte sera publiée si l’ordre est exécuté.
Le programme des achats valides en décembre est maintenu pour l’instant :
Deux achats limités :
Technip, poids 1%, cours demandé 45.50 euros
Total, poids 1%, cours demandé 38.50 euros
Idée du jour : rien en cours pour le moment – historique des opérations : cliquez ICI – l’Idée du jour remplacera le PEA à partir du 1er janvier 2015, la gestion actions moyen-long terme se fera uniquement via le portefeuille Club NT, via e-mails envoyés en et-ou hors-séance.
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CLUB NOUVEAUTRADER : investissement moyen-long terme sur actions françaises
Les 150 euros de cotisation semestrielle (soit 25 euros par mois) permettent de suivre la gestion d’un portefeuille d’actions via envoi de Newsletters (146 pour le moment) contenant des ordres programmés au mois, à la semaine ou de la veille pour le lendemain. Le type de gestion proposée correspond au profil « investisseur moyen terme occupé en journée au travail ou à autre chose que la bourse ».
Exposition portefeuille Club NT : 22.48%
Diversification : 18 valeurs différentes
Performance brute sur capital utilisé en 2014 (relevé du 10.12.2014 en clôture) : -1.54% (sur capital disponible -0.35%)
Si vous êtes intéressé(e), cliquez ICI. En outre, vous pouvez obtenir la liste des opérations terminées pour vous décider, n’hésitez pas à demander !
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SUIVI DU TEST : ACHAT DOW, VENTE CAC (12h16 jeudi 10/12/2014) – JOUR 93
DOW : achat 16865 points, soit +4.16% (17567)
CAC40 : vente 4333 points, soit +2.49% (4225)
Différentiel brut : +6.65% – l’arbitrage redevient positif des deux côtés – on se stabilise entre +6.5% et +7% depuis ce matin – depuis 92 séances, après avoir donné des extrêmes à +2.60% pour le DOW, puis pour le CAC40, l’arbitrage est reparti dans l’autre sens, avec un nouveau record à +5.64% au matin du 13 octobre, battu le 30 octobre (6.61%), le 5 novembre (+7.26%), le 7 novembre (+7.41%), le 12 novembre (+7.64%), le matin du 13 novembre (+7.69%) et +8.60% du même jour à 14h37 – cela matérialise simplement la différence entre les macro-économies des deux zones, que tout le monde connait.
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PREPARATION DE LA SEANCE DE JEUDI (11.12.2014) – ANALYSE CAC40/DOW
PPJ | S4j | S3j | S2j | S1j | PPj | R1j | R2j | R3j | R4j |
CAC40 | 4084 | 4114 | 4168 | 4198 | 4252 | 4282 | 4337 | 4367 | 4421 |
DOW | 17033 | 17138 | 17323 | 17428 | 17613 | 17718 | 17903 | 18008 | 18193 |
Programme du jour : chômage hebdomadaire (USA, 14h30), ventes de détail en novembre (USA, 14h30), prix à l’import-export (USA, 14h30), stocks des entreprises en octobre (USA, 16h00)
CAC40 : PPj 4250/55 – 4197 au plus bas après la séance, 4204 vers 22h08 – tendance intraday baissière avec S1j/S1m (4195/4200) à tenir sous peine de descendre vers 4165/70, voire 4150 (S4h) – sous 4150, 4115/20 serait le dernier bastion avant retour vers 4095/4100 voire PP annuel des 4075/80.
En cas de rebond au dessus des 4255, probable test des 4265/70 (S2h), voire même une tentative vers 4285/90 (r1j) – au dessus des 4290, on viserait 4305/10 voire 4335/40 – au delà, 4365/70 et 4385/90 PPh seraient possibles.
DOW : PPj 17610/15 et S2h 17625/30 – tendance intraday baissière, le CFD cote 17541 vers 22h13 – il faudra préserver les 17500 sous peine d’avoir une grande chance de tomber vers les 17425/30 (S1j/S1m), dernier bastion des acheteurs de la trêve des confiseurs – sous 17420, le cadeau de Noël pourrait être empoisonné : 17360/65 et 17320/25 seraient les objectifs dans ce cas.
En cas de rebond au delà des 17625/30, 17715/20 et 17790/95 seraient possibles – au dessus, 17810 devra céder et laisser place aux 17890/900 (PPh).
Nota en cas de poursuite du repli cette semaine : on aurait un support très important pour les adeptes du court terme (un mois environ), sur le S1m du DOW, à 17435/40.
Prochain RDV en fonction des événements, au plus tard vers 15h45.
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LA NOUVELLE DU MOIS (25.11.2014) : SMART-PHONE DANS UNE MAIN, TRADEZ N’IMPORTE QUOI N’IMPORTE QUAND (N’IMPORTE COMMENT) !
Sur l’internet boursier et dans les salons de la finance, on peut rencontrer tous les types de gourous, sachant bien-sûr que ça n’existe pas (je le répète car c’est souvent tentant d’y croire) : on vous dit que c’est facile la bourse, on peut même surveiller ses petits en permanence, et aussi acheter et vendre à partir d’un smart-phone. Cela me donne l’idée d’une petite improvisation …
Préambule :
Mr Truc vient de prendre sa retraite (une grande chance) : déjà passionné par la lecture des nouvelles économiques, il décide de s’intéresser de plus près à la bourse, notamment au trading. C’est décidé, il se rendra à Paris pour rencontrer les meilleurs et devenir lui aussi un professionnel, c’est ce qu’il a lu sur Torchon-bourse.com au détour de ses recherches boursières internet : « Devenez trader blablabla ». La haute finance s’ouvre à notre frais retraité plein d’envie, en plus, sa femme est décédée il y a bien longtemps d’un cancer foudroyant et il n’a plus que lui pour se tenir compagnie, et comme ils n’avaient aucun enfant … en fait, il a préféré rester tout seul plutôt que de reprendre épouse, car la première était tellement chiante, bref, le voilà parti au salon parisien du trading !
Chapitre I : Papy visite la capitale
Le TGV Marseille-Paris était bien en gare, et Papy aussi, tout excité à l’idée de rencontrer la haute finance en ce dimanche ensoleillé. C’est simple, il n’en avait quasiment pas dormi de la nuit, il avait même revu « Un fauteuil pour deux » la veille, pour se mettre dans l’ambiance.
(Si ça vous dit, j’écrirai une suite à cette histoire très régulièrement, à la suite de ce même paragraphe … en fait, votez oui ou non par e-mail, tant que le oui l’emporte ou que personne ne dit rien, je continuerai).
Suite du chapitre I (27.11.2014)
Papy se sentait en forme olympique et hyper-motivé, il avait hâte d’arriver et trouvait ce TGV un rien lent ! D’ailleurs, il avait emporté un livre avec lui, mais il fut incapable de lire plus de quelques lignes, toute sa tête étant concentrée sur ce grand jour où il découvrirait les ficelles de la spéculation boursière, du moins c’est ce dont il était persuadé.
La gare de Lyon était envahie par des masses de fourmis allant et venant d’un pas rapide : cette foule le saisit, lui qui vivait dans un petit village de Provence tranquille n’était pas habitué à ce grouillement, il eût même envie de faire demi-tour durant une seconde. Mais pour rencontrer la haute finance, il fallait bien faire un effort, alors il consulta son plan et se dirigea vers le métro.
Après un voyage sans encombre mais nauséabond (comment font les gens pour supporter ces odeurs ? se dit-il en grimaçant), le voici remonté à la surface pour happer goulument un peu d’air frais. Enfin, c’est juste une façon de parler, la porte de Champerret n’étant pas l’endroit idéal pour prendre le grand air !
C’est frémissant que Papy descend les escaliers vers le salon du trading, un peu comme le jour de l’entrée dans la société qui lui offrit son premier emploi : hésitant, timide, emprunté, il a l’impression que tout le monde le regarde.
Chapitre II : Papy émerveillé (28.11.2014)
En arrivant à l’accueil, papy bande … en voyant les grands yeux clairs et la bouche pulpeuse de l’hôtesse qui lui demande de remplir son invitation avec un sourire Gibbs du plus bel effet. Cette agréable formalité remplie, papy pénètre dans le temple de la finance (et pas dans l’hôtesse !) : tous ces écrans avec des courbes plus belles les unes que les autres, des hôtesses partout, des salles de conférence, Papy est émerveillé. Il reprend le programme du jour dans sa sacoche et se prépare pour sa première conférence, dont le maître sera Mr Frikenbourse, qui a écrit plein de bouquins et a gagné de nombreux prix. Le sujet de cette conférence s’intitule : « Les bases de la réussite en trading », exactement ce dont a besoin Papy, les bases, et les bonnes s’il vous plait !
Chapitre III : Papy retourne à l’école (01/12/2014)
Ecran géant, rétroprojecteur, présentateur « encravaté » et joli graphique, c’est parti pour un Papy qui retourne sur les bancs de l’école, une école de luxe comparé à ce qu’il avait vécu dans son enfance ! La mémoire de Papy le ramenait à l’école primaire, l’année de son entrée en CP en 1956, c’était le tableau noir, la craie et la règle sur les doigts au moindre écart. Les temps avaient changé, le confort était arrivé, mais la jeunesse était partie. Papy aurait bien repris quelques coups de règle sur les doigts en échange d’un demi-siècle. Le larsen du micro le tira de sa réflexion, la conférence commençait …
Pendant une heure et trente minutes, Papy prend des notes sans comprendre grand chose mais il a prévu d’acheter le livre pour potasser tout ça en rentrant. Il en achètera d’ailleurs plusieurs, puisque tous les meilleurs traders sont réunis ici et que la plupart ont publié un ou plusieurs ouvrages : Papy s’est dit qu’il bosserait la théorie avant de se lancer, Papy n’est pas né de la dernière pluie !
Il est déjà onze heures quand Papy sort de cette première conférence, celle qui l’intéresse se déroule à 14h00, il a donc du temps pour visiter les stands des courtiers et brokers, puis déjeuner rapidement sur le pouce dans un restaurant voisin. Pour le moment, il a retenu qu’en trading, les décisions se prenaient à partir de l’analyse du graphique et non sur des éléments subjectifs : c’est un bon début !
(Suite 12h56, 01.12.2014)
Le mauvais début de ce bon début, c’est que Papy a cru bon faire comme à la messe à sa conclusion. Sucer le corps du Trader, comme tous les dimanches matins de son enfance : faire la queue à la sortie de la messe, si joli discours, paroles enluminées de dollars plus doux qu’un petit Jésus, de belles syntaxes et des trades parfaits (mais le samedi, pas de temps réel, Papy s’en fout, il est là pour comprendre). Tout ça pour signer une ouverture de compte chez le partenaire de Frikenbourse, Clarinettebank, étiquette financière bien connue pour ses sponsorings dans le sport, bref … Papy étant du genre prudent, surtout que l’effet de levier ou marge ne sont que des données encore floues (ouille, premier biais pour se ramasser, confondre le levier sur capital et la marge du broker, les mettre sur le même niveau, Papy tombe dans le panneau), il n’a ouvert qu’un compte microscopique.
Papy n’est pas un idiot, il est prudent : 1.000 euros sur le compte ouvert chez Clarinettebank, juste pour pouvoir étudier les courbes dans un premier temps. Il est bien le Papy, prudence est mère de sureté sachant qu’il dispose de 60.000 euros sur 10 ans maximum alors qu’il est propriétaire, retraité à 3.000 euros sans charges particulières. Autant il jugeait sa femme très chiante, mais il ne s’était jamais interrogé sur le fait qu’elle-même, bref, on est toujours le con de quelqu’un, et cette relation maritale n’était finalement qu’une bijection.
Papy gambadait de stands en stands, humait les effluves des jolies hôtesses et pénétrait dans leur stand (ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit, un con est un con) pour écouter ce qui se disait : sa timidité légendaire ne lui permettait pas de s’imposer alors qu’il était à peine débutant … la tendance, oui d’accord, mais par rapport à quoi ?
Ah, ah, Papy repensait à ses cours de mathématiques, car Papy a eu le certificat d’études, et comme Papy observait (on ne peut avoir que des défauts), Papy savait que le certif de 1964 valait mieux que le BAC de 2010, oui, on était en 2010.
Chapitre 4 : dans lequel Papy doute d’avoir bien entendu ce qu’il a entendu
(suite de 20h16, 01.12.2014)
Bingobank attira ses yeux, et il écouta les conversation entre visiteurs et tenanciers du broker : vous pouvez bénéficier de 100 ordres gratuits pour ouverture d’un compte à 1.000 euros. Papy ne se le fît pas dire deux fois, un compte Bingobank pour ses 100 premiers ordres, soit un marché matinal dont le prix reste raisonnable (2.000 euros sur les 60.000 euros). Papy se dit qu’il était temps de grignoter un morceau avant de penser investissement direct en actions. Il faudra aussi ne pas oublier la bibliothèque, pour emporter de la lecture et essayer de comprendre, puis d’appliquer. Toujours est-il que le ventre est en train de pleurer et que la suite attendra 14h00.
Papy marcha peu et trouva une place dans une brasserie voisine, remplie de gens du salon, visiteurs comme exposants : ainsi, Papy profitait des échanges de la table qui se trouvait juste derrière lui. Le brouhaha couvrait quelques mots, mais il réussit à capter qu’un trader gagnait 1% de son capital par jour, Papy doute mais son petit diable cupide veut croire qu’il sera capable de se hisser à ce niveau rapidement : 1% de 60.000 euros par jour, ce serait son objectif. D’après ce qu’il avait cru comprendre, c’est Mr le Directeur du fonds « Un pour tous et tout pour moi » qui avait affirmé cette probable vérité du 1% par jour, Mr Forenbourse était son nom, ce n’était pas personne et Papy était quand même un peu impressionné …
Chapitre 5 : dans lequel Papy se forge des convictions avant de forger lui-même sa stratégie de trading
(suite de 20h16, 02.12.2014)
Le dessert avalé, direction vers la bibliothèque qui expose les livres pour réussir en bourse. Le choix est plus dense qu’attendu, lesquels acheter ? A 50 ou 60 euros pièce, Papy est un peu affolé, tel l’âne de Buridan hésitant entre l’eau et la paille. Tout d’abord, l’ouvrage de Mr Frikenbourse sera du lot, pour s’imprégner de la conférence du matin : « Les bases du trading » pour 55 euros. La suite, Papy n’a pas besoin d’y réfléchir car Mr Tradefacile repère le client et l’aborde derechef : « Bonjour monsieur, puis-je vous présenter un livre parfait pour le début d’un bon commencement en bourse ? ». Après une heure d’échanges convenus, Papy est convaincu d’être prêt à opérer avec les recettes de cet homme dès son retour à la maison. Du coup, il repart souriant avec la série « Tradez simplement avec Mr Tradefacile » en 12 volumes, 120 euros prix promotion du salon, exceptionnel !
Papy a même récupéré un stylo de l’éditeur Lafinancefacile. Le sac à dos de Papy se révèle déjà à la limite du surpoids et l’heure de la seconde conférence arrive, celle qui concerne l’investissement. Papy, tant bien que mal, se fraye un chemin et le retrouve, c’est bien le salon B, ça vient de commencer. Sur la pointe des pîeds, Papy traine son sac jusqu’à une chaise libre.
Chapitre 6 : dans lequel Papy se passionne pour les actions
(suite de 14h00, 03.12.2014)
Mr Pluscestlongpluscestbon vient de commencer son exposé à destination d’investisseurs avisés disposant d’au moins 30.000 euros de capital. Coup de chance, Papy avait l’intention d’allouer aux actions moyen-long terme la moitié de la somme globale des 60.000 euros : comme dans les trois ours, c’est juste la taille qui lui convient, Papy esquisse un large sourire, tout va bien dans le meilleur des mondes, « mieux que bien » se dit Papy sans se douter qu’il reprend une phrase désormais célèbre de JMM, une autre époque !
Une heure trente plus tard, Papy est conquis que « plus c’est long, plus c’est bon » mais il fera aussi du trading, car à plus de 60 ans, on ne peut pas non plus faire des plans trop longs sur la comète, et comme il n’a pas d’enfants … le voilà parti avec la panoplie complète de l’investisseur, bouquin à 55 euros comme il se doit, et option pour une ouverture de compte chez Leboncoindelinvestisseur avec un an de conseils gratuits chez son partenaire Aubonconseilenbourse.com, enseigne réputée par sa présence sur internet depuis plus de 10 ans et son nombre d’abonnés (Papy ne sait pas encore qu’il s’agit en fait de moutons destinés à être tondus, Papy ne croit être que le reflet de ce qu’il a vu et entendu depuis ce matin : un apprenti-berger, l’image du mouton ne lui est pas venue à l’esprit, c’est normal, c’est un humain).
Papy a la tête farcie d’informations, il est déjà 17h00 et la chaleur devient suffocante avec la hausse du nombre de visiteurs. Comme prévu, Papy ira dormir chez son grand frère de Paris, qui lui donnera quelques précieuses informations sur son expérience de la finance, puisqu’il « boursicote » depuis longtemps, lui …
Chapitre 7 : dans lequel Papy se prend à rêver
Avenue de la Fontaine au Roi, près du Gibus, du Palais des Glaces et de la station Goncourt, dans le 11ème, c’était le fief de son aîné de 10 ans : un grand appartement hérité par sa femme dans les années 90 (son frère s’était marié lui, et était père de trois enfants, mais c’est facile quand on nage dans le pognon … il avait épousé une « héritière », comment ? Cela restait un mystère et le resterait sans doute toujours).
Papy s’engouffre donc dans le métro, direction Goncourt, avec les changements de rigueur et l’odeur nauséabonde en prime : sous une pluie battante, Papy marche d’un pas rapide vers la station, et après s’être fait copieusement éclaboussé par une BMW lancée pour passer au orange coûte que coûte, Papy traverse enfin la chaussée et retrouve une certaine quiétude dans les couloirs du métro, il suffit de respirer par la bouche pour apprécier la sécheresse de l’endroit.
(suite de 19h40, 03.12.2014)
« Chérie, tu as préparé le lit du frangin ? »
« Mais non, c’est Manon qui s’en est occupé, tu ne vas pas commencer à stresser parce que ton frère vient, si ? »
« Non, mais depuis dix ans qu’on ne s’est pas vu, je voudrais le recevoir décemment, les huîtres ont été livrées au moins ? »
« Oui, ne t’en fais pas, tout est près et Manon a pris sa soirée pour s’occuper de nous »
Le frère de Papy était si singulier : d’abord, il n’avait jamais travaillé, ce qui faisait une grosse différence avec Papy, 45 ans de bons et loyaux services dans la comptabilité et les bureaux. Ensuite, il avait toujours eu beaucoup plus d’argent que Papy, comme quoi le travail c’est peut-être la santé, mais c’est surtout beaucoup de temps à faire ce qu’on n’a pas toujours envie de faire. Le frère de Papy avait fait le « bon mariage », et toujours fait ce qu’il avait envie de faire, mais rendons lui honneur, ce mariage fut d’abord un concours de circonstances, puisqu’il ignorait tout de la situation de celle sur laquelle il jeta son dévolu après une soirée bien arrosée, lors de sa seconde année de FAC de droit. Je ne dis pas « trop arrosée » comme celles et ceux qui se foutaient de leur pote qui venait d’embarquer le boudin de la soirée, car lorsque l’on se marie avec de futurs millions d’euros, ce n’est jamais trop.
Papy montait les escaliers du métro Goncourt, il faisait déjà nuit en cette fin d’année pluvieuse et il dut faire appel à sa mémoire pour prendre l’avenue dans le bon sens, et descendre vers la République sur la gauche. Dring, dring …
(suite de 12h15, 04.12.2014)
« Le voilà ! »
Le grand frère de Papy était stressé : la dernière fois qu’ils s’étaient vus, c’était pour l’enterrement de la femme de Papy, et ils s’étaient jurés de se revoir l’année suivante, mais la vie les avait tellement faits différents, le temps passa toujours aussi vite, bref …
« Manon, s’il te plait ! »
Manon, exceptionnellement, avait accepté de travailler le samedi, mais payé au double et en liquide. Il faut dire que le frère de Papy n’était pas un patron casse-pieds, même si elle trouvait qu’il reluquait un peu trop ses formes de jeune fille. Lorsqu’elle se déhanchait pour ôter la poussière de la commode du salon, c’était flagrant : ce fichu meuble était placé de telle façon à ce que, de son fauteuil de ministre, il puisse s’ouvrir des angles à faire pâlir un photographe de « Lui ». Non pas que cela lui déplaisait, qui est insensible à la flatterie, même si elle est muette ? Elle trouvait juste cela un peu déplacé de la part d’un vieux bouc qui ne devait plus être capable de grand chose à 70 ans passés. Il y a encore 10 ou 20 ans ! Sur ces pensées, elle file décrocher l’interphone et ouvre la porte à Papy en annonçant : « Bonsoir monsieur, 4ème gauche ! ».
En entrant dans le loft de son frère, Papy s’étonne encore d’autant du luxe, un direct changement d’ambiance entre le couloir et l’entrée de la demeure : c’est comme si l’on passait du XIème au XVIème en un seul pas (pas siècle, arrondissement !). Tout en bois, chaleureux, frais et odorant, il ne manque plus qu’une cigale ou une biche, selon que l’on aime la maison dans la pinède ou dans la forêt de Grésigne ! Justement, apparaît une charmante soubrette pour vous introduire dans le paradis du confort non étoilé, hors-catégorie. Et voilà que Papy se remet à bander, nom d’un chien, il faudrait qu’il retourne dès en rentrant chez sa copine Yvette, 72 heures d’abstinence et le voilà de nouveau jeune homme … il se prend à rêver un instant, le temps que les quelques secondes qui le séparent des retrouvailles avec son frère ne s’écoulent. Il en avait « une » qui ressemblait à cette petite, c’était quand déjà ? Oh là là, au début des années 70 : Papy n’avait ni collier de fleurs ni bikini à lui proposer en échange de son jean et de son tee-shirt austères, mais il était certain que cette fille, sans doute une employée de son frère, ressemblait comme deux gouttes d’eau à celle qu’il avait embarquée un soir de carnaval, en février 71 ou 72. Une lycéenne suédoise de passage en Provence déguisée en tahitienne, à peine 18 ans, il faut dire que Papy était un grand dragueur et ne déplaisait pas aux filles. Papy fut tiré de ces agréables pensées par la voix tonitruante du grand frère.
Chapitre 8 : dans lequel Papy n’a plus aucun doute, le Boss n’a qu’à bien se tenir !
Le frère de Papy emplit soudain la pièce de sa présence :
« Alors Monsieur le nouveau rentier, comment va ? » (il veut dire « retraité », mais ça fait vieux ce qualificatif de « retraité », alors il dit « rentier », ce qu’il est lui-même, un peu ironique donc)
» … depuis le temps … » – le frère de Papy laisse venir, lui qui a commencé la bourse en 1990, avec une goutte de l’argent de l’héritage de sa femme, sait bien qu’entre sa vision du marché et celle balbutiante de son frère, il y a plus qu’un monde, un univers ! 25 ans d’expérience à zéro, ça commence à compter dans une vie !
Sachant que le frérot passe à l’occasion de sa visite au salon, sous couvert de fêter son accession à « une retraite bien méritée », le parisien joue la montre pour éviter de lancer lui-même un sujet qui peut ne pas avoir de fin (j’appellerai dorénavant le frère de Papy « le parisien »).
(suite de 10h55, 05.12.2014)
Selon les us et coutume dans la famille, Papy s’agenouille devant son grand frère et lui baise les pieds … non, je m’écarte d’un sage récit, on verra pour les délires plus tard, si cette série des Papys se poursuit ou pas en 2015.
Reprenons le fil : justement, Papy n’eût-il pas à peine ouvert la bouche que la sonnerie tonitruante du smartphone du parisien se met à chanter « Highway To Hell * » d’AC/DC.
* Ndlr : avec Bon Scott bien-sûr … vous avez vu, le public est médusé lol 1979, Papy se souvient de ses 29 ans, il devait encore avoir tous les vinyles d’AC/DC dans un coin du grenier, bien à l’abri.
« Merde, une alerte sur l’euro-dollar ! », lance machinalement le parisien.
Vous n’osez pas deviner la suite, mais pourtant si, vous devriez : ce serait une visite exclusivement consacrée à cette satanée bourse, la hantise de la belle-soeur, çà, Papy le savait déjà car à l’enterrement de sa regrettée mais chiante épouse, une alarme du même type sonna alors que le cercueil descendait sous le niveau de la mer et que tout le monde pleurait à chaudes larmes ou s’envoyait un p’tit blanc au bistro du coin en pensant à la défunte ou en se racontant la dernière blague de Laurent Gerra sur RTL. Si le parisien n’était pas un excellent amant, et je pèse mes mots, cela ferait longtemps que « l’héritière » aurait repris ses titres de propriété et son oseille pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs (désormais, j’appellerai la femme du parisien « l’héritière »).
Papy remballe son bonjour et attend sagement que le parisien prenne connaissance de la nouvelle. L’euro-dollar, il n’en avait que vaguement entendu parler au salon, mais son attention s’était focalisée sur les indices et les actions, les monnaies, ça avait l’air compliqué.
« Bon, ça va, position soldée +15 pips sur stop-gain, dommage mais ça paiera toujours le repas de ce soir ! Excuse-moi », dit-il en revenant sur terre : « Alors frérot, la patate du vacancier perpétuel ? ».
Papy regardait fixement la main de son frère dans laquelle le smartphone (d’où le titre de cette nouvelle) trônait encore : la musique d’AC/DC l’avertissait que le repas était gratuit, en quelque sorte, mais 15 pips, c’était quoi ? Il avait oublié, nom d’une pipe ! Comptable durant plus de quarante ans, veuf depuis 10 ans et cuisinier hors-pair, Papy allait compter le bénéfice de ces 15 pips en euros au fil du menu qui défilerait devant ses yeux, çà oui, on pouvait en être certain !
Cette alerte le rassurait, son frère gagnait, c’était le complément idéal à sa visite au salon. Il fixait toujours la main de son frère, qui craqua :
« Quoi frérot ??? C’est un téléphone portatif sans fil, tu sais, tout le monde en a un sauf toi ! »
Voilà ce qu’il fallait supporter avec ce grand frère (avec le vôtre aussi ? c’est normal lol) : perpétuelles et incessantes plaisanteries, Papy se demandait bien ce que lui trouvait « l’héritière », en attendant, il allait devoir viser juste pour glaner un maximum d’informations, et devenir lui aussi un as des marchés, le Boss n’avait qu’à bien se tenir !
Chapitre 9 : dans lequel Papy poursuit son rêve en mangeant, à la recherche du diamant vert de la bourse
» Oui, oui, je vois bien que c’est un portable ! Ca va bien je te remercie depuis le temps, mais je me demandais, là, tout de suite, ce qu’était un pip ? Après je te fiche la paix avec la bourse ! (tu parles Charles !) « .
(suite de 11h30, 06.12.2014)
C’est le moment que choisit fortuitement « l’héritière » pour faire son entrée dans le hall. « Et merde ! » pensa Papy en balançant un jovial « Bonjour ma chère belle-soeur, comment allez-vous ? ». Elevée dans la soie depuis sa naissance, trop nourrie et livrée à elle-même par des parents trop occupés à faire du fric, l’héritière » était physiquement repoussante. Trop grasse, tout comme sa tignasse d’un brun défraîchi, elle tentait de donner le change en se déguisant avec des tenues de soirée indécentes et un maquillage trop lourd qui feraient fuir n’importe quel homme sauf les enfants en quête d’un nouveau spectacle de clown grotesque. Papy, comme à chaque fois, retenait un sourire moqueur d’autant qu’il appréciait fortement ce personnage qui ne vous toisait pas du haut de son paquet de fric : grotesque, riche mais humaine, Papy l’aimait bien, mais il faut avouer que Papy aimait presque tout le monde …
Le parisien aussi, l’aimait bien sa mocheté, surtout lorsqu’elle débarquait au bon moment, remettant à plus tard le sujet de la bourse.
» Mais bien, bien ! Cher beau frère, je vais d’autant mieux que je me réjouis de votre visite en ce dimanche d’automne bien frais et trop pluvieux, venez donc au salon vous réchauffer avec un petit apéritif, vous nous raconterez ces dix dernières années ! » – elle en rajoute l’héritière, ou elle le fait exprès ? Papy ne s’était jamais habitué à la façon d’être de cette fille unique d’industriels bourgeois qui avaient eu la malchance de périr ensemble dans un crash aérien : en route pour quinze jours de rêve à Bali, ils en revinrent les pieds devant par avion sanitaire sans même avoir posé le pied sur l’île.
On ne sait jamais si elle se fout de vous ou si elle est innocente, c’est le côté désagréable de « l’héritière », mais qui n’en a pas ? Elle déteste la bourse, la tolère de son homme, mais de là à se réjouir alors qu’elle sait très bien qu’il faudra terminer ce dimanche toute seule car Papy en viendrait à ce thème à un moment ou à un autre …
Papy entre dans le salon et choisit l’un des quatre fauteuils en fonction de sa proximité avec le ramequin de noix de cajou, pêché mignon ! Manon, justement toute mignonne, fait irruption dans la salle et, de sa voix suave et expressive, propose les apéritifs au trio qui ne se fait pas prier : ce sera un jaune pour Papy, un pur malt pour le parisien, et une Suze pour l’héritière qui ajoute : « Manon, on est en famille et le trio ne me sied guère, je vous propose de vous joindre à nous pour l’apéritif, vous ferez la quatrième. Je suis certaine que Papy sera content d’avoir une cavalière, pour une fois ! ».
Et boum, encore une boutade à trois balles mais ça le regardait de ne pas prendre femme et de préférer maîtresses : personne ne comprenait que Papy soit resté seul durant ces dix années alors qu’il était encore très bel homme, la comptabilité ne l’avait pas décati, bien au contraire : il était adepte de la course à pieds et du marathon depuis trente ans, tout son argent y passait, Boston, New-York, Florence, que de beaux voyages durant ses congés payés … mais il devait maintenant espacer les courses et avec la retraite, la bourse serait impeccable pour remplir les vides. Tous prenaient Papy pour un Veuf alors que c’était un coureur, enfin, l’humain a beaucoup de défauts dont celui de juger son prochain sans savoir …
Papy encaisse toutefois la plaisanterie sans broncher et se met à bander en regardant Manon qui rosit tout en ne sachant que répondre à cette invitation imprévue. Il n’y a que les femmes pour nous traiter d’obsédés. En effet, que faire contre l’effet d’une naturelle érection, quelqu’en soit sa cause non provoquée ? Rien du tout je l’affirme ! Seul notre cerveau, bien commandé je précise, peut nous retenir de céder ensuite au comportement le plus animal, celui du chien par exemple. Heureusement, Papy « drive » son cerveau avec énergie et ne se lève pas de son fauteuil pour sauter sur cette appétissante jeune femelle, mais il l’aide à répondre : « Ce serait gentil à vous » lâche-t-il en feignant l’indifférence.
Manon choisit de se confectionner un gin-fizz bien corsé pour accompagner les vieux dans leur apéro, elle n’avait pas osé dire non à son patron et le repas ne demandait pas beaucoup d’attention de sa part …
(suite de 13h15, 09.12.2014)
L’apéritif se passe plutôt très bien, d’autant que Manon, qui a peu l’habitude de boire de l’alcool, met une ambiance guillerette dans la petite assemblée. on parle de la pluie et du beau temps, le parisien ne laissant pas une occasion à Papy de rebondir sur la question du « pip » de tout à l’heure, il retarde l’échéance du mieux possible. A la fin du second verre, l’horloge sonne 13h00, Manon sursaute et s’excuse en pouffant : « Passez à table messieurs, dames, sinon les coquilles Saint-Jacques vont brûler ! ».
Manon se précipita en cuisine mais, heureusement, tout allait bien. Les coquilles enfournées entre les deux verres de l’apéro étaient plus que parfaites, mais deux douzaines d’huitres à ouvrir l’attendait, dans un état de semi-ébriété !
Papy profita du trajet entre salon et salle à manger pour reposer la question à son frère : « Qu’est-ce qu’un pip ? ». « Ah, c’est vrai que tu es aussi venu pour la bourse frérot. T’embêtes pas avec les devises si tu démarres, mais pour ce qui est du pip, c’est facile, je te prends un exemple : l’euro cote 1.2600$, il descend à 1.2500$ c’est -100 pips sachant qu’on spécule avec XX euros du pip. Par exemple, à 10 dollars du pip pour un bénéfice de 15 pips, ça donne environ 150 dollars) ». Papy enregistre, dit merci et se dit qu’il n’aura pas besoin d’évaluer le coût du repas pour avoir une idée du gain encaissé.
Papy laisse les devises de côté, ça ne le branche pas, et demande : « Il faut que je m’embête avec quoi alors ? ». Le parisien réfléchit et opte pour ce qui protègera au mieux le capital de son petit frère, ce qui lui évitera d’éventuels reproches ultérieurement s’il l’entraînait sur les sentiers de la spéculation au jour le jour, de loin le plus « casse-gueule ».
« Intéresse-toi à l’investissement diversifié sur actions à moyen-long terme, et laisse la spéculation de côté dans un premier temps ». Papy est un peu déçu, la spéculation intraday l’avait tout de suite attiré lors de la conférence (l’argent rapidement gagné attire tout le monde, c’est humain). Le parisien reprend : « En plus, tu as ta retraite qui tombe tous les mois, de quoi bien vivre sans stress ! ». Mais Papy veut une vie mouvementée, et son désir, pour commencer sa vie d’oisif, c’est de flipper en bourse dans le levier de l’intraday (il ne le sait pas encore, mais cela revient à cela dans les premiers jours) ! Il s’est forcé pendant des décennies à bien compter pour les autres, à payer sa baraque, à mettre de côté pour ses vieux jours qui sont là, maintenant. Ah oui, j’ai oublié de vous dire qu’en plus de ses 60.000 euros, Papy a mis à gauche dans une assurance-vie qui vaut aujourd’hui plus de 200.000 euros, sans compter les économies qu’avaient faites feu son épouse, une autre assurance-vie, plus petite, mais pas loin des 50.000 quand même. Autant dire que Papy peut perdre les 60.000 euros dédiés à la bourse, il aura encore de quoi s’amuser et-ou faire des projets avec 3.000 euros de retraite et un capital de plus de 250.000 euros.
Papy décide de faire plaisir à son frère, et après tout, il doit mettre 30.000 euros dans l’investissement sur actions à moyen-long terme, il essaiera d’évoquer la spéculation plus tard dans la soirée.
« Que fait donc Manon ? » clame l’héritière qui meurt de faim.
Chapitre 10 : dans lequel Papy mange bien mais n’écoute pas vraiment
Papy se lève et va voir à la cuisine …
(suite de 10h20, 10.12.2014)
L’avantage de l’improvisation, c’est que je découvre en même temps que vous les personnages qui interviennent dans cette modeste nouvelle, j’espère qu’il reste quelques lecteurs au début de ce chapitre 10, où les convives se demandent bien ce que fait Manon.
Ah … Manon, qui a beaucoup plus de ressources que ce que j’avais prévu, je dois avoir un côté macho, mais qui aurait pu deviner que d’une part, la jeunette d’à peine 30 ans était native du bassin d’Arcachon et avait bien à son actif le million d’huitres ouvertes ? Un passage obligé pour bosser sur le littoral et faire ses armes en même temps que l’école hôtelière de la Rochelle la semaine, cette année était la dernière au service de la famille Truc, ensuite, elle voulait voyager et promouvoir la cuisine française loin de la Bretagne et de l’Europe.
Papy entre dans la cuisine et manque de bousculer Manon, qui, malgré son coup dans l’aile, a ouvert les deux douzaines d’huitres en moins de 10 minutes présentation sur plateau comprise.
« Oh, excusez-moi, mais l’héritière a les crocs », balance Papy qui voudrait bien attaquer aussi, qu’on puisse aborder les actions, son TGV partait à 11h05 précises le lendemain matin, il était déjà 21h15. Elle avait beau lui plaire, il n’était pas là pour la bagatelle, le Papy (il ne bandait plus d’ailleurs, la faim peut-être ?). Ce n’est pas moi qui suis pressé c’est l’autre, ce qui est à moitié-vrai, cet être humain est incorrigible, n’est-ce-pas ?
Manon ne lui répond rien et se débrouille pour arriver au salon sans encombre, repartant illico pour aller chercher les coquilles, chacun se servirait « à discrétion » comme on disait dans le grand monde.
L’héritière se rue sur les plats tandis que Papy tente à nouveau un essai avec le frangin : « Alors, les actions, oui ça m’intéresse, j’achète quoi lundi ? ».
Le parisien pleurerait à chaudes larmes si cette question était venue de n’importe qui d’autre que de son frère … dans le cas présent, il ressentit une forme de compassion, qui l’obligerait sans doute à inviter son frède à rester demain, après tout, il était retraité et rien ne l’attendait dans sa Provence …
(suite avant ce soir)
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