L’une des vues du bureau-cabane NT
ARTICLES PARUS HIER :
PREPARATION DE LA SEMAINE PROCHAINE ET DE LA SEANCE DE LUNDI
8h50
LA VIE AUX CHAMPS, LA VIE EN LIBERTE, LA VIE AU CALME
Février 1964, Dugny, région parisienne : le neuf-trois n’existait pas encore et voilà que je suis né, dans les premières années du bétonnage organisé des banlieues des grandes villes. Pendant ce temps, les paysans découvraient les joies de la monoculture et de la production de masse : on leur avait dit que la chimie, c’était l’avenir; on leur avait dit qu’il le fallait pour nourrir les gens; on leur avait dit que le risque n’existait pas, que la nature avait besoin de ces apports pour nous donner le meilleur d’elle-même. Tiens, ça ne vous dit rien ? moi, ça me fait penser aux chimères classiques de l’humain, par exemple : la recherche du produit financier sans risque, la recherche de l’année avec zéro mort sur les routes, la recherche de la beauté perpétuelle, de la croissance perpétuelle, de la richesse sans fin, n’ayons pas peur des mots : de l’immortalité.
J’étais donc programmé pour grandir dans le béton et faire de l’argent, accumuler, prendre du bénéfice, d’autant que j’ai fait des études supérieures, la classe ! C’est le cas de le dire puisqu’à 26 ans seulement, j’attaquais mon premier emploi, ou plutôt c’est lui qui m’attaqua brutalement un soir de décembre 1986. Un beau diplôme et des envies de posséder le monde, je n’avais plus qu’à me baisser …
J’avais beau le faire le plus souvent possible, je ramassais peu de fleurs, au contraire, je marchais plus souvent dans la merde que je ne nageais dans un océan professionnel de joies et de réussites. Il faut dire que notre éducation et la concurrence interne qu’elle génère dans l’entreprise n’a pas constitué un cocon idéal pour le développement d’un idéaliste justement, plutôt humaniste sur les bords, artiste à ses heures. Maintes fois dépité, déçu par ces petites trahisons et tous ces mensonges, du patron au client en passant par la secrétaire et les collègues, un jour, j’ai décidé que ça suffisait.
Août 1994, ça y est, je me suis tiré mais Toulouse c’est pareil : du bruit, du béton, des fourmis moutonnières et des heures de pointe. Peu de fleurs à ramasser là-bas non plus, seul l’accent change, alors, il faut bouger.
Décembre 1996, cette fois, j’habite dans une petite ville de 3000 habitants dans le Tarn, j’y resterai six ans mais il y a quand même quelques zéros de trop, 3000 c’est encore lourd à vivre : je me rends compte que j’ai besoin de m’isoler complètement, d’ouvrir mes volets le matin (en fait, je ne les ferme pas, c’est pour l’image) et de ne rien voir d’autre que des choses de la nature, j’ai dépassé mon quota de béton. Trente-deux ans à la ville dont une douzaine entre bouchons quasi-permanents, métros, bus, queues de cinéma, restaurants, café-théatres et concerts, dans du béton et les gaz d’échappements, la coupe est pleine, je suis en overdose.
Finalement, après un autre essai de quatre ans dans un village de 1000 habitants, toujours dans le Tarn, je fais le grand saut pour louer une maisonnette totalement isolée, au bout d’un chemin empierré de 1,5 kilomètre, près de la forêt de Grésigne, entre champs et bois, entre biches et sangliers, hulottes et geais, buses et sitelles. Une connexion internet valide et me voici enfin, depuis quatre années maintenant, totalement détendu et heureux de vivre.
En parcourant les photos d’un randonneur contenues dans ce lien, vous aurez peut-être envie de me rejoindre dans la France profonde, version Puycelsi-Tarn : 50% des visiteurs et lecteurs du blog viennent de la région parisienne, il serait de temps de rétablir un certain équilibre. Cela s’appelle la décentralisation, alors si l’aventure vous tente, décentralisez-vous comme je l’ai fait il y a plus de 15 ans déjà ! Si c’était à refaire, je le referai, et bien plus tôt ! Le temps ne se rattrape jamais, ne l’oubliez pas !
Image de la semaine dernière, avant l’orage : la lumière vient de derrière, du bois, et les nuages noirs arrivent en face, ce qui donne un joli contraste des couleurs. Les blés sont coupés depuis 15 jours, le champ est au repos. Souvent, je repense aux différentes « vues » de mes appartements citadins et je me demande comment j’ai fait pour y rester si longtemps, dans ces cages à poules dorées …
Bon dimanche à tous et bonnes vacances ! Prochain RDV en fonction des événements – je suis en vacances de tout de suite jusqu’au 31 août mais suivrai le comportement des actions – je publierai des articles pour passer d’éventuels ordres et-ou faire les mises-à-jour après leur exécution.