D’UNE VIE « STANDARD » A UNE VIE « MARGINALE » : PREMIER BILAN
Dans la grande agglomération parisienne, je suis né en 1964. Dans mon costard-cravate, j’ai commencé à travailler en 1989. Dans mon clapier de banlieue, j’ai eu le temps de réfléchir enfin. Dans ma bagnole et les incessants bouchons, le bruit et l’air vicié, j’ai eu le temps de compter. Compter les heures perdues à attendre mon tour, au milieu d’un environnement bétonné qui devenait de plus en plus opressant, avec des gens tous pareils qui couraient tous après la même chose : la promotion sociale et l’argent, la propriété, et le temps perdu qu’on ne rattrape plus. On m’avait fait croire que la vie c’était ça, et j’y ai cru, comme des millions de gens le croient toujours d’ailleurs, c’est leur problème. Cela ne veut pas dire que je n’en ai pas, de problème, depuis que j’ai changé de vie, mais je me sens enfin libre et détendu.
De citadin bouffeur de Mac Do et client de la grande distribution, je suis passé à paysan bouffeur de produits régionaux et client du petit producteur local, voire du copain éleveur de contrebande (un poulet élevé chez soi par exemple, c’est imbattable en terme de qualité). Je pratique le troc et j’ai balancé mon portable à la poubelle depuis qu’on ne m’oblige pas à en avoir un (1996/2002, mon dernier salariat), je roule dans une voiture de 1989 afin d’éviter l’électronique embarquée. Je m’habille avec les stocks de fringues accumulées lors de ma première vie « standard » et je cultive mon potager depuis bientôt 10 ans. Depuis 2007, je me suis même isolé sciamment au milieu des biches et des sangliers, en forêt de Grésigne (Tarn, pour voir la situation de la maisonnette NT : cliquez ICI), ce qui est génial pour composer et jouer de la musique, réfléchir dans le calme et écouter le silence.
Au mois d’août de 2014, cela fera vingt ans que j’ai quitté la grande métropole : quel est le bilan ? Moins d’argent mais + de temps de vraie vie et un bonheur très supérieur. En fait, il y a une seule chose qu’il est difficile d’admettre : que certaines personnes me jugent sur ma façon de vivre et de penser. En gros, j’imagine leur raisonnement : « Comment ce gars qui vit dans sa forêt avec son jean troué, ses quatre chiens et sa XM, dans cette petite maison d’un autre âge qu’il LOUE (quelle horreur !), et qui plus est ressemble à un altermondialiste, pourra-t-il m’apprendre à arrêter de perdre de l’argent en bourse ? ».
L’habit ne fait pas le moine, et pourtant … je remercie tous les autres, ils se reconnaîtrons.
Avec le temps pourri qu’on a eu cette semaine, je n’ai que le lever de soleil du 8 novembre à vous proposer, vu de la maisonnette, comme d’hab ! Un beau panache de jaune-orangé !
Bon dimanche et à demain matin pour de nouvelles aventures boursières.
