Salvagnac, le vendredi 27 mars 2020

8h39

Le chocovid (« choc covid ») m’a inspiré de nombreuses réflexions, dont une qui m’a amené à me lancer dans cet article

Depuis les grandes épidémies de la première moitié du xxème siècle, depuis les grandes guerres de la même période, il ne se passe plus rien de bien grave dans les contrées qui dominent le monde, elles s’arrangent pour que les horreurs nécessaires à cette domination se passent loin de chez elles même s’il y a quelques ratés (le 11 septembre 2001, le Bataclan, Tchernobyl, Fukushima, AZF, etc), des ratés inévitables, le monde parfait n’existant pas, qu’il soit capitaliste, anarchiste, communiste, socialiste ou dictatorial.

Et là, mon cerveau s’est arrêté sur un demi-siècle de vie dans un « monde parfait » ! Oui, oui, ils ont réussi à me faire croire, jusqu’à mes 25 ans environ, qu’ils nous construisaient un futur monde parfait. Un demi-siècle de souvenirs : la première TV couleur entre dans les foyers en 1974, puis elle envahit peu à peu la cuisine, les chambres en même temps que la publicité se fait de plus en plus présente et on arrive à la fin des années 80. La consommation de masse est acceptée par le citoyen à tête de mouton (merci Jean Mineur), elle est le centre de la vie du monde parfait des pays dits développés. Je commence à bosser dans un Paris qui devient déjà invivable, le monde parfait du travail dans une grande métropole surpeuplée et polluée, ouais, bof, je ne me sens pas l’âme d’une sardine dans sa boîte alors que la vie est si courte. Après quelques années de réflexion et de lente ouverture des yeux sur la cette société d’humains la plupart « déviés » par l’argent, je décide de partir à la campagne, tant pis pour leur monde parfait (pour en profiter à fond, de ce monde parfait, il faut passer par la réussite sociale, je l’abandonne en démissionnant de mon emploi stable et bien payé, j’ai alors 30 ans), je tente d’aller vivre dans le monde « imparfait et risqué » de la réalité.

Et puis Internet est arrivé – ses bons et ses mauvais cotés – puis les smartphones ont envahi le monde – on regarde les écrans (et la pub qui va avec, c’est la TV puissance mille en terme de robotisation des foules) au lieu de lever la tête et d’ouvrir les yeux : le monde parfait n’existera jamais, c’est un leurre et la majorité des peuples dits riches y croient alors que tout ce confort, cet argent, cette vie somme toute facile même dans le confinement, sont obtenus grâce à l’exploitation sauvage de la terre, du parfait. Ce comportement inqualifiable aboutira un jour, si on se contente de prolonger les graphiques, à la destruction totale (et parfaite du coup) de l’environnement, et donc de nous-mêmes ! L’homme, ce con dont malheureusement je suis, crée des déséquilibres irrémédiables et vient ensuite pleurer quand le virus arrive (je n’en suis pas) … quel rapport ?

A force de détruire l’habitat des animaux sauvages pour construire notre monde parfait qui n’existera jamais, on provoque la fuite des espèces qui cherchent à survivre et s’approchent ainsi de l’homme, cet animal dit intelligent qui colonise peu à peu toute la planète – ces contacts de plus en plus fréquents avec la faune sauvage ne devraient pas exister, la nature n’avait pas prévu que l’humain serait capable d’aller aussi loin dans la bêtise – alors, chauve-souris ou pangolin, peu importe, le responsable n’est pas l’animal – les quelques-uns qui possèdent presque tout sur cette planète, et qui sont à l’origine de ce système du « toujours + », devraient se remettent en question  d’urgence et accepter de tester d’autres modèles de sociétés que celui du capitalisme libéral anarchique (du profit sans foi ni loi ni autre type de considérations). C’est sans doute un voeu pieux, mais les sciences humaines ont une fenêtre de tir pour revenir un peu sur le devant de la scène lorsqu’un chocovid se pointe ! Il permet à de nombreux moutons de prendre le temps de la réflexion et de quitter le troupeau … si rien ne change (ce que je crois, tout du moins à horizon de ma propre vie), il y aura sans doute d’autres pandémies, c’est comme le dérèglement climatique : les déséquilibres provoquent des catastrophes, il faudra peut-être apprendre à vivre avec – comme le font déjà de nombreux humains dans les parties du monde qu’on a osé appelé « sous-développées » – avec quelques dizaines de milliers de covidécès chaque année dans le monde, peut-être beaucoup plus, mais une quantité proche de zéro% quand on la rapporte à la totalité de la population mondiale.

En conclusion : le monde ne s’approche du parfait qu’à l’état naturel, chaque espèce en servant une autre, ce qui nous profite aussi – l’apprenti-sorcier appelé homme, au lieu de s’intégrer et de se fondre dans cette perfection, en y puisant juste ce dont il a besoin pour être « heureux de vivre », a voulu construire SON monde parfait basé sur la haute opinion qu’il a de lui-même, le pouvoir et le confort à l’infini qu’il souhaite s’octroyer, l’argent et la possession qu’il vénère, se mettant même à rêver d’immortalité (??? pour mieux précipiter sa chute ???) – malheureusement, il est en train de détruire la perfection qui lui avait été offerte « à l’origine », il paiera un jour le prix fort de cette destruction, le chocovid fait partie de la facture, d’une toute petite partie de la facture.